L’évêque de Durham, Robert de Stichill meurt à Arbipollis (L’Arbresle) en 1274.
Résumé
En 1274, se tient le second concile de Lyon présidé par le pape Grégoire X. Jacques 1er d’Aragon, l’ambassadeur de Michel Paléologue, empereur de Byzance, les membres du clergé grec ainsi que 500 évêques, 60 abbés (dont celui de Savigny Amédée de Roussillon frère de l’archevêque de Lyon Adémar) et mille prélats sont venus de toute l’Europe et de l’ouest de l’Asie pour assister à ce concile qui dure près de trois mois, de début mai à mi-juillet
Les participants délibèrent sur des sujets comme la reconquête de la Terre Sainte, la réunification de l’Église d’Orient et d’Occident pour mettre fin au schisme entre Rome et Constantinople ; ils approuvent deux nouveaux ordres : les franciscains et les dominicains, supprimant un certain nombre d’ordres mendiants, leurs membres étant rattachés à ceux existants ; ils décident que lors de l’élection d’un pape, les cardinaux réunis en conclave ne peuvent se quitter qu’une fois le pape définitivement choisi…
Parmi les personnages importants invités au concile se trouvaient deux éminents docteurs de l’Église : Thomas d’Aquin et Bonaventure, ministre général des Franciscains.
Thomas d’Aquin, convoqué à ce concile, meurt en chemin, à Fossanova en Italie mais il n’est pas le seul à ne pas retourner vivant à son domicile. Saint Bonaventure[1] rend l’âme durant le concile, le 15 juillet 1274 (voir plus loin) et Robert de Stichill, évêque de Durham décède dans le château d’Arbipollis (Arbeules ou Arbresle) le 4 août 1274. Il est enterré dans l’abbaye de Savigny et son cœur est envoyé à Durham où il est déposé dans la salle capitulaire.
Robert de Stichill avait été nommé évêque le 30 septembre 1260 et sacré le 13 février 1261 ; il était venu à Lyon pour être libéré de cette charge. Dans le « Handbook to the cathedral of England » il est écrit : « Robert de Stitchill a été bénédictin de Durham et prieur de Finchale. L’église de Howden, au Yorkshire a été transformée en collégiale par cet évêque en accord avec le couvent. Il assiste au concile de Lyon en 1274 et meurt sur la route de son retour, au château de L’Arbresle (Arbipellis) en France ».
Qui était Robert de Stitchill ?
Robert de Stitchill est probablement venu du village de Stichill dans le Roxburghshire, dans les hautes terres du sud de l’Écosse. Son père était un prêtre, et peut-être le William Scott qui a été élu à l’évêché de Durham en 1226. William Scot n’a jamais été confirmé comme évêque, car son élection a été annulée par le pape Grégoire IX en 1227.
Stitchill était un moine à la cathédrale de Durham et prieur d’une cellule monastique à Finchale avant d’être élu à l’éveché de Durham le 30 Septembre 1260. Sa dispense pour naissance illégitime avait déjà été obtenue du pape. Il a été consacré évêque le 13 Février 1261 à Southwell par Godfrey Ludham, l’archevêque d’York
Étant évêque, Stitchill fit don de 1300 acres (5,3 km2) de terres aux moines de son chapitre de la cathédrale pour leur soutien, ainsi que des livres et d’autres cadeaux. Cependant, il y avait des différends avec les moines au moment de la retraite de leur prieur, ainsi que sur le droit de l’évêque de superviser les affaires du chapitre. Il a également fondé un hôpital à Greatham qui a survécu dans l’âge moderne. Il a défendu les droits de l’évêque au palatinat de Durham, assuré un certain nombre de décisions de justice qui ont confirmé les droits de palatinat de l’évêque.
Stitchill a assisté au deuxième concile de Lyon en 1274, où il a obtenu la permission du pape Grégoire X de démissionner de son siège.
Dès le VIIème siècle, en plus de son autorité spirituelle, les évêques de Lindisfarne, puis de Durham, ont également agi en tant que dirigeants civils de la région comme le seigneur de la liberté de Durham, avec une autorité locale égale à celle du roi. L’évêque nommait tous les responsables locaux et maintenait sa propre cour. Après la conquête normande, ce pouvoir a été conservé par l’évêque et a finalement été reconnu avec la désignation de la région dans le comté palatin de Durham. En tant que titulaire de ce poste, l’évêque a été intitulé prince-évêque et considéré comme l’équivalent d’un comte. Sauf pour une brève période de suppression lors de la Glorieuse Révolution, l’évêché a conservé ce pouvoir temporel jusqu’à ce qu’il ait été aboli par la loi 1836 Durham (comté Palatine) .
La sécurité du concile de 1274 est confiée à l’abbaye de Savigny
À l’époque du concile, en 1274, Amédée de Roussillon est abbé de Savigny et frère de l’archevêque de Lyon. Il va faire jouer un rôle important aux hommes d’armes de l’abbaye comme le décrit Louis Picard[2] qui a tiré ses informations de la Gallia Christiana et des travaux d’Auguste Bernard[3]
Amédée de Roussillon, la Gallia place son élection en 1270. Il était moine de l’abbaye clunisienne de Saint-Claude, dans le Jura. Après avoir pris possession de Savigny, il revint à Saint-Claude et, en plein chapitre, il associa spirituellement les deux monastères, du consentement de son ancien supérieur l’Abbé Guido. Il prit une part active au concile œcuménique de 1274
La garde de la ville de Lyon et du Concile fut confiée aux hommes d’armes de l’abbaye, c’est-à-dire aux Arbreslois[4], sous le commandement du sire de Beaujeu. Cette troupe était composée de 300 cavaliers et arbalétriers qui partirent de l’Arbresle pour Lyon aux applaudissements des habitants. En annonçant à son frère, l’archevêque de Lyon, l’envoi de cette troupe, l’abbé de Savigny avait soin de stipuler qu’il lui rendait ce service « à titre gracieux, mais sans prendre d’engagement pour l’avenir », ce qui n’empêcha pas l’abbaye d’accorder de nouveau, plus tard, une troupe à l’archevêque pour repousser les agressions des bourgeois lyonnais.
Parmi les Pères du Concile se trouvait Bernard Ayglier[5], originaire de l’Arbresle. Il était alors Abbé du Mont-Cassin, en Italie, et Général de l’Ordre de Saint Benoît. Ancien élève du cloître savinien, il voulait revoir le berceau de sa vie religieuse et il invita plusieurs évêques et prélats du concile à venir visiter l’abbaye où s’était écoulée sa jeunesse. Le pape les autorisa à s’éloigner de Lyon, du 7 au 24 juin, à la distance de six lieues, jusque l’arrivée des Grecs. Les prélats se mirent en route, traversèrent la grande rue de l’Arbresle (rue du Marché). L’abbaye était sans doute assez vaste pour les recevoir mais l’Abbé préféra les loger au château de Sain Bel. C’était la demeure favorite des Abbés. Elle avait été embellie à diverses reprises.
Les prélats, après avoir visité l’abbaye, furent accueillis à Sain Bel avec d’autant plus de solennité et de courtoisie que l’Abbé de Savigny était alors Amédée de Roussillon, frère de l’archevêque de Lyon, Adémar de Roussillon. Ayglier se trouva si bien de son séjour au château de Sain Bel qu’il conféra à l’Abbé de Savigny et à ses successeurs le droit de porter le rochet et le camail, par Lettres données au château de Sain-Bel le 1er Juillet 1272, droit qu’il accorda aussi à Amédée de Savoie. Ayglier revint même à Savigny, en 1277, sous l’Abbé Etienne de Varennes.
Philippe le Hardi, roi de France, qui résidait à Lyon en vue du Concile, poussa jusqu’à l’Arbresle où il reçut les hommages de l’Abbé de Savigny et de ses moines. Les Arbreslois accueillirent le roi de France avec les plus grands honneurs.
Daniel Broutier
Robert Roth
[1]Saint Thomas d’Aquin et Saint Bonaventure sont des piliers de la théologie chrétienne au moyen âge.
[2] Histoire de L’Arbresle et de l’abbaye de Savigny-en-Lyonnais.
[3] Cartulaire de l’abbaye de Savigny par Auguste Bernard, imprimerie Impériale MDCCCLIII
[4] Plus exactement aux habitants du pays de L’Arbresle
[5] Ayglier ou Aigliers, ancienne famille chevaleresque du Lyonnais, possessionnée à Chasey, Marcilly, Sivrieu, Losanne, Donmartin, l’Arbresle, etc., au XIIIème et XIVème siècles. Elle a fourni un abbé d’Ainay, archevêque de Naples et un abbé du Mont-Cassin, devenu cardinal. (Armorial général du Lyonnais, Forez et Beaujolais)
Bernard Ayglier est auditeur à la Rote romaine en 1244. Il devient abbé de Saint-Honorat de Lérins en 1256. Il est conseiller privé du roi Charles d’Anjou. En 1263 il est nommé abbé de l’abbaye du Mont-Cassin par le pape Urbain IV. Il rappelle les moines en exil et fait fleurir la discipline monastique. Il fonde un hôpital à S. Germano et y donne une église aux dominicains sur demande de Thomas d’Aquin.
Le pape Clement IV le crée cardinal lors d’un consistoire en 1265 ou 1268. Ayglier est légat apostolique en France contre les albigeois et à Constantinople contre les schismatiques.